Souvenirs d'enfance...Pourquoi je suis ronde ?

Publié le par Potelee

Aujourd'hui, j'avais envie de vous parler de mon enfance. Plus particulièrement de mon rapport à la nourriture. De ce qui fait qu'aujourd'hui, je suis ronde, et pas si mal dans ma peau que ça.

Lorsque je suis née, j'étais un tout petit bébé, toute frêle, une brindille. J'avais à peine soufflé ma 1ère bougie, que je me retrouvais hospitalisée pour une grosse gastro. [En écrivant ça, je me rends compte que c'est la seule fois de ma vie où j'ai été hospitalisée et que ma peur panique de l'être à nouveau vient peut-être de là ?! Si un psy passe par là... Merci de m'éclairer ;-)] Alimentation par perfusion, puisque tout ce que j'avalais ressortait illico, d'un côté ou de l'autre, bref, je vous passe les détails.

Après cet épisode, je ne voulais plus rien manger. Enfin si. Mais que ce que j'aimais. Et ça se résumait à : pain, chocolat, pâtes et purée. Comme j'étais une brindille et que ma mère avait eu très peur pour moi (je précise que je suis fille unique), elle a cédé à tous mes caprices et, alors que j'étais haute comme trois pommes, j'imposais ma loi et décidais du menu. Malgré cela, je suis restée fine jusqu'à l'âge de 7/8 ans. J'étais pas grosse cependant, juste potelée. Mais au vu de mon alimentation ultra restreinte, ça ne pouvait qu'empirer. Vers 9 ou 10 ans, suite à de nombreux reproches de la part de l'entourage, ma mère prend un 1er rendez-vous chez un nutritionniste. Pas de régime, juste un rééquilibrage alimentaire et un peu de sport. C'était sans compter sur mon caractère borné ! Avec la complicité de mon père (qui est un gourmand lui aussi), nous rechignions devant les légumes préparés avec amour et bienfaisance par ma mère puis nous allions en douce, tous les deux, à la station service du coin s'acheter des Bounty, Twix et autres cochonneries. Ma mère n'apprendra cela que des années plus tard, lorsque je le lui raconterai, devant la mine ahurie de mon père, qui me faisait les gros yeux, comme un enfant dont on a trahi le secret.

Cette période m'a semblé durer des années... J'ai l'impression d'avoir été au régime pendant toute mon enfance, qu'on a toujours surveillé mon alimentation, m'interdisant les sucreries et autres douceurs... Le nutella, c'était pendant les vacances dans les pays tropicaux pour arriver à avaler la Nivaquine (médoc contre le palu qui a un goût amer au possible...Rien que d'y penser, le goût me revient en bouche, berk berk berk !), les féculents c'était deux cuillères à soupe, une seule fois par jour, les gâteaux, c'était pour les jours de fêtes uniquement (soit mon anniversaire et Noel)...

Bref, en début d'adolescence, je me suis rebellée contre ces privations et profitant de ma liberté de "grande" (qui se résumait au fait que je mangeais à la cantine à midi et chez une amie une fois par semaine et que j'avais un peu d'argent de poche, avec lequel j'achetais...des cochonneries), j'ai commencé à vraiment grossir. Bien sûr, je me sentais mal dans ma peau, j'étais frustrée de ne pas pouvoir m'habiller comme mes copines, je subissais quelques moqueries (quoique, relativement peu par rapport à ce que d'autres filles ont subi), je détestais les cours de sport, je n'avais jamais de petit-ami de mon âge, j'avais un corps de femme alors que j'étais encore une enfant, et puis l'adolescence, c'est toujours un mauvais cap à passer, alors forcément, c'était pas facile tous les jours. Mais, alors que j'avais à peine 15 ans, je plaisais aux mecs de 18-20 ans, alors vous imaginez la fierté devant les copines, de dire "Mon mec à moi (tiens ça me rappelle une chanson ?!) il a le permis, il peut venir me voir quand il veut, il est grand, beau, il sent bon le sable chaud..." alors que leurs petits petits-amis (ils étaient souvent plus petits qu'elles en taille) jouaient encore aux lego. Bref vous l'aurez compris, je me pavanais, consciente tout de même que mes rondeurs (bien placées à l'époque) n'y étaient pas pour rien...

Suite à une rupture amoureuse, mon 1er chagrin d'amour, j'ai entamé, de ma propre volonté, un régime ultra-strict, à base de sachets hyperprotéinés et de légumes verts uniquement. J'ai perdu 18 kg en 4 mois. Je rentrais pour la 1ère fois de ma vie (et ce fût la seule !) dans un pantalon taille 38. J'étais fière de moi, pourtant, dans le miroir, je me voyais toujours aussi grosse, je ne me rendais vraiment pas compte que j'avais tant minci. J'en ai vraiment pris conscience le jour de la rentrée scolaire, après les vacances de Pâques, quand je suis arrivée au lycée sur mon nouveau scooter, relookée des pieds à la tête (fringues et coiffure). En arrivant parmi mon groupe d'amis, l'un d'eux m'a dit "Quand tu n'avais pas encore enlevé ton casque, j'ai cru que c'était une nouvelle et j'ai dit aux autres "Waw vous avez vu la nouvelle" mais en fait c'était (que) toi." Hum hum. J'ai donc compris que j'avais vraiment minci, que mes efforts n'avaient pas été vains, mais j'ai aussi pris conscience que pour mes amis, je resterai toujours la petite grosse, ou du moins potentiellement grosse. Quelle déception !

Peu à peu, j'ai repris tous mes kilos, et même plus. Et la spirale des régimes yoyo à commencé. Forcément, des régimes aussi restrictifs avaient complètement déréglé mon mode de fonctionnement. L'avantage c'est que depuis, mon alimentation était plus variée : j'ai appris à aimer les légumes, à en manger avec plaisir. L'inconvénient, c'est que la frustration engendrée me poussait à des fringales incontrôlables, des envies de sucre, de frites, de gâteaux au chocolat, d'aliments qui tiennent au corps... Je n'ai jamais parlé de ces fringales comme des crises de boulimie, car pour moi ce n'en était pas. C'était simplement la conséquence de semaines entières à ne pas avaler un carré de chocolat ni une bouchée de pain. A frustrer une gourmande, je vous le dis moi, vous la rendez boulimique !

J'ai donc alterné périodes d'amaigrissement et de reprise de poids vitesse grand V pendant toute mon adolescence tout en restant toujours plus ou moins ronde, plutôt plus que moins d'ailleurs. Après le bac, vînt le retour en France (je vivais dans les Dom-Tom) et une grosse grosse période de déprime. Je cherchais ma voie, j'avais perdu tous mes repères, mon île, mes amis, ma famille... Pendant deux années je me suis isolée, j'ai mangé sans aucune restriction puisque pour la 1ère fois de ma vie, personne ne surveillait ce qu'il y avait dans mon assiette. J'ai pris 25 kg en 2 ans. Je sais, c'est énorme. Et là, ça s'apparentait certainement à de l'hyperphagie. Je mangeais pour me remplir, pour ajouter une couche à la carapace que je me construisais petit à petit.

J'ai ensuite effectué un retour au domicile parental, le temps d'avoir mon concours. J'avais trouvé ma voie, ma mère gérait les repas, j'ai maigri petit à petit, sans faire de régime. D'une taille 52/54 à cette époque, je suis passée à un 46/48 que je maintiens depuis cinq années maintenant. Ca s'est ma victoire à moi. Avoir réussi à stopper le cercle vicieux des régimes yoyo. Depuis que je ne fais plus de régime, je ne grossis plus. Parfois même je maigris un peu. Mais à vrai dire je m'en fous car j'ai proscris la balance de mon domicile. Je l'apprends avec stupéfaction quand je vais chez le mèdecin (environ deux fois par an) et qu'il m'annonce que j'ai encore perdu 2kg. Je ne cherche pas à perdre du poids mais ça me fait quand même plaisir. Bien sûr, pendant les périodes d'exams, n'ayant plus trop le temps de cuisiner, en bonne étudiante que je suis, je me nourris de surgelés et forcément je prends un peu de poids, je le sens à mes pantalons qui me serrent. Mais surtout surtout, je ne me culpabilise pas et je rééquilibre après. Finalement, mon poids fait toujours un peu le yoyo, mais ce n'est que des écarts de 2/3 kgs, ça limite la casse ! Ce que j'en retiens c'est qu'il ne faut pas se priver de manger ce qu'on aime, surtout quand on est gourmande, de compenser par les repas suivants ou par un peu de sport (perso, je suis allergique au sport depuis les cours d'EPS du collège alors je me contente de monter les escaliers jusqu'au 4ème au lieu de prendre l'ascenseur, je vous assure que ça fonctionne !!!).

Il y a certainement d'autres explications plus psychanalytiques à mettre derrière tout ça, des choses qui se jouent quant à mes relations avec mes parents, et plus particulièrement avec mon père, et donc les hommes, par procuration, mais j'ai trouvé un équilibre c'est tout ce qui m'importe. Je ne sais pas vraiment pourquoi je suis ronde, pourquoi la nourriture est mon refuge, ce que je sais c'est qu'il est inutile de lutter contre de vieux démons et regarder en avant me semble être une bonne perspective d'avenir.

Publié dans Ronde attitude

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L
Ah tiens moi aussi j'ai connu l'épisode de l'hospitalisation étant bébé...pour les mêmes raisons que toi d'ailleurs...j'avais tellement perdu du poids que je faisais peur d'après ce que m'a dit.. un tout petit bébé qui fait peur ! où va le monde...? Enfin bon, le poids, le poids toujours le poids... j'ai toujours été super complexée par mon physique... j'ai toujours été la plus ronde de mes copines...qui elles étaient vraiment toutes ultra fines voilà pourquoi.... je n'étais pas grosse mais comparé à elle je voyais comme tel... L'été dernier, moment de déprime..j'ai pris du poids..je me sentais affreusement mal, j'étais encore plus mal dans ma peau et seule. Depuis j'ai perdu 10kgs, je continue pourtant à manger tout un tas de cochonneries mais à dose plus raisonnables..., je commence à m'habituer à manger moins et je me sens vraiment mieux. Comme par hasard maintenant que je me sens mieux dans ma peau, que j'ai l'impression de plaire...et bien je plais !^^
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P
<br /> Oui, mine de rien, quand on est bien dans sa peau on attire de toutes façons plus de regards bienveillants. On a le sourire plus facile et ça aussi ça facilite le contact.<br /> <br /> <br />
S
Ah les sempiternels problèmes de poids... Je me demande combien d'euros j'ai englouti dans les régimes de toute sorte, mais finalement, alors que les autres me trouvaient plus maigres je me sentais toujours aussi grosse. Alors j'ai arrêté. Il vaut peut-être mieux s'occuper de ce qu'il se passe avant, normalement, la plupart du temps, ça vient de là (facile à dire, je sais...)<br /> <br /> <br /> p.s : Le traumatisme de la Nivaquine, j'ai connu ça aussi. Mais j'avais pas de Nutella par contre...
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P
<br /> <br /> Oui, il est bien là le problème, l'image que l'on a de soi n'est jamais celle que les autres ont de nous. Difficile d'accorder les violons. Oui, tu as raison, je pense qu'il y a des blessures<br /> d'enfance non cicatricées qui expliquent tout cela mais après tout c'est le passé, il faudra bien que j'avance avec ça, et le fardeau n'est pas si lourd comparé à d'autres (pas de viol dans mon<br /> enfance, pas de maltraitance, juste un père égoiste qui aurait jamais dû être père et auprès duquel je me suis toujours sentie dévalorisée, pas assez ceci, trop cela...et du coup pas aimée comme<br /> j'aurai voulu). Quant à la Nivaquine, heureuse de voir que quelqu'un sait de quoi je parle ! Parce que vraiment c'est difficile d'expliquer à quel point c'est immonde ! Ma mère enfonçait le<br /> comprimé (riquiqui, de la taille d'une micro-pilule) dans une énorme cuillère de nutella, qu'elle enfournait dans ma bouche. Malgré cela, le goût amer envahissait tout et la cuillère de nutella<br /> était un supplice à avaler. On a procédé autrement après. D'abord le cacheton, après la cuillère de nutella pour faire passer le goût !<br /> <br /> <br /> <br />